Les étudiantes éthiopiennes se font entretenir
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En Europe, on parle beaucoup du phénomène des «cougars», ces femmes d’âge mûr qui cherchent à séduire de jeunes hommes. En Ethiopie, c’est la tendance des «sugar babies» et de leurs «sugar daddies» qui retient l’attention de Meron Tekleberhan, journaliste sur Ezega.com.
L’expression «sugar baby» désigne une jeune femme, souvent étudiante, qui fréquente un homme plus âgé qu’elle: son «sugar daddy», qui peut avoir jusqu’à trois ou quatre fois son âge.
Dans ce genre de liaison, elle se fait complètement entretenir par ce «protecteur» qui porte de nombreuses attentions à sa protégée en lui offrant des cadeaux, en lui payant des sorties dans des endroits chics, ou en subvenant à ses besoins financiers. En contrepartie, la jeune femme lui accorde du temps et lui sert, en quelque sorte, de cure de jouvence.
«Les étudiantes, particulièrement dans les villes balnéaires de Bahir Dar et d’Awassa, perçoivent de plus en plus les relations avec des hommes plus âgés comme un moyen facile d’avoir de l’argent de poche», estime Meron Tekleberhan.
Cet arrangement pose problème quand vient l’épineuse question des rapports sexuels. Beza, étudiante diplômée de l’université d’Addis Abeba, admet qu’elles sont presque inévitables. La frontière avec la prostitution devient alors très opaque. Mais Beza réfute cette comparaison et refuse de réduire l’histoire qu’elle vit depuis trois ans avec son sugar daddy à cet aspect précis:
«Je ne peux nier que le sexe fait partie du marché, c’est évident. Cependant, ce n’est pas tout. Il me donne amour, protection et sécurité. Il m’aide à m’établir dans ma vie en m’offrant des opportunités que je ne pourrais avoir autrement. En retour, je lui donne une chance d’apprécier des activités de jeunes et de renouveler sa vigueur. C’est un arrangement personnel qui ne concerne personne d’autre», affirme Beza.
Le raccourci vers la prostitution est aussi favorisé par le risque de voir naître de réels sentiments, ainsi qu’une forme de dépendance. Lorsqu’un simple arrangement se transforme en véritable histoire, les dégâts peuvent être importants de part et d’autre, particulièrement quand les sugar daddies sont des hommes mariés.
Et à l’image du livre-choc sur la précarité et la prostitution des étudiantes, les jeunes femmes ainsi entretenues et leurs familles courent le risque de tomber dans un engrenage malsain, où les bénéfices matériels et financiers sont tels qu’ils deviennent indispensables. A tel point que dire stop est impossible.
Mais puisqu’en Ethiopie chacun semble y trouver son compte et que ce genre de relation y est parfois même, indique Tekleberhan, «comprise, voire acceptée», pour la morale, on repassera.
Lu sur Ezega.com
Club de rencontre des étudiantes